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Comment cheminer vers un réseau TEC plus accessible ?

Écrit le

Au jour le jour, l’Opérateur de Transport de Wallonie (OTW), plus connu sous le nom TEC, la marque commerciale de l’entreprise, tente de rendre ses infrastructures accessibles au plus grand nombre. L’entreprise créée en 1884 (sous le nom alors de Société Nationale des Chemins de fer Vicinaux) fonctionne à la fois avec des installations anciennes et nouvelles. Cet environnement hybride rend complexe le travail de mise en conformité pour l’accessibilité. A la suite d’un relevé effectué par Marianne Degroote notre experte accessibilité, nous vous présentons le réseau TEC.

Rappel historique

En octobre 2013, une convention est signée entre le Collectif Accessibilité Wallonie-Bruxelles (CAWaB ) et le TEC. Autour de la table, les acteurs se rassemblent pour mettre en place des actions concrètes visant à une plus grande accessibilité des transports publics. Leur ligne de conduite s’inspire de la directive européenne ciblant cette matière.

L’offre TEC

Selon les chiffres du rapport annuel de 2020, le réseau TEC comptait 766 lignes, 32 014 arrêts et a permis de transporter 89,1 millions de voyageurs. Au travers du contrat de service public 2019-2024, l’offre TEC en matière de transport à destination des personnes à mobilité réduite se décline selon deux types d’actions et/ou de services s’adressant à deux segments de clientèle différents :

  • Des services dédiés (de porte à porte) au moyen de minibus adaptés, confiés à des opérateurs de proximité spécialisés dans ce type de transport. En 2020, 147.422 voyageurs ont été véhiculés dans le cadre de ce service.
  • Des services réguliers via l’adaptation, l’amélioration et le développement progressif de l’infrastructure, du matériel roulant et de l’ensemble des produits offerts par le TEC.

Le plan de déploiement de l’accessibilité des services réguliers en quatre grands axes

1. L’accès au matériel roulant

Les aménagements en cours sont les suivants :

  • des rampes d’accès manuelles ou automatiques ;
  • des plateformes spacieuses, généralement en face de la porte médiane, pour les personnes voiturées ;
  • des sièges prioritaires réservés à l’avant du véhicule ;
  • des signaux d’arrêts sonores et lumineux facilement identifiables ;
  • des véhicules à plancher bas et plat.

2. L’accès à l’infrastructure

Le TEC distingue 2 types d’arrêts : les arrêts « PMR conformes » dans lesquels la personne déficiente motrice ou déficiente visuelle est autonome à l’embarquement et au débarquement et les arrêts « PMR praticables » signifiant que la personne déficiente motrice doit être aidée à l’embarquement et au débarquement. La personne déficiente visuelle est toutefois autonome. La volonté est d’augmenter le quota des arrêts conformes et praticables.

3. La formation

Les conducteurs et le personnel en contact direct avec la clientèle sont formés à l’accueil des personnes en situation de handicap. D’autres métiers du TEC y sont également sensibilisés.

4. L’information et la communication

Des efforts continus sont mis en place pour informer les usagers sur l’offre de transport PMR. Par exemple, vous pouvez consulter le site TEC pour connaître le niveau d’accessibilité de votre ligne.

Comment l’adaptation des infrastructures se met-elle en place sur le terrain ?

Depuis 2013, avec la troisième phase de chantiers d’aménagement en cours, 686 arrêts ont été mis aux normes et sont devenus praticables ou conformes. Au total, 4.151 points d’embarquement étaient accessibles au 31 décembre 2021. (En ordre de grandeur, le nombre total d’arrêts s’élevait à 32.014 arrêts fin 2020). Dans chacune des cinq Directions territoriales du TEC (il existe une Direction par bassin de mobilité), un référent accessibilité est en charge de cette matière.

Emmanuel Lecharlier, référent accessibilité pour la Direction du Brabant Wallon est actif sur ce dossier depuis sa création. Ayant connu dans sa famille plusieurs personnes en limitation de mouvement ou chaise roulante, Emmanuel cerne bien les enjeux en présence. C’est lui qui coordonne et organise les audits de points d’embarquement menés sur le réseau du Brabant Wallon. Aujourd‘hui, il a préparé l’itinéraire des lieux qui seront analysés par Marianne Degroote, notre experte en accessibilité. De cette visite, naîtra un rapport qui permettra d’informer, en bout de ligne, les usagers. Ce rapport nourrira aussi la base de données qui permet de définir la liste des travaux à venir.

« On essaye de faire notre maximum au sein du groupe pour rendre les arrêts conformes, mais tout n’est pas possible. Par exemple, un habitant souhaitait que l’arrêt proche de son habitation soit accessible et nous n’avons pas pu accéder à sa demande. La raison ? Le point d’embarquement se trouvait en zone privée. Cela ne nous a pas permis de réaliser les aménagements notamment car l’expropriation n’était pas envisageable à cet endroit, ni un déplacement d’arrêt. »

Le TEC en est actuellement à la cinquième vague d’aménagement d’arrêts. La sixième se prépare déjà. Chaque référent accessibilité est régulièrement invité à proposer les futurs arrêts à sélectionner pour une mise en conformité.

Monsieur Lecharlier nous détaille le mode de fonctionnement. « Lors du dernier recensement, j’ai listé 20 arrêts à aménager en travaux lourds et 20 arrêts à aménager en travaux légers. La direction générale du TEC a rassemblé l’ensemble des demandes et va opérer une sélection. Les critères d’éligibilité pour travaux dépendent notamment de la fréquentation de l’arrêt, des demandes des usagers, de l’importance du chantier, de la zone dans laquelle se trouve l’arrêt (domaine public ou privé), de la situation technique de celui-ci (virage, présence de soupiraux, …), de l’intérêt stratégique (proximité d’un centre médical, d’un hôpital, gare, etc.) et des aménagements des alentours. Si l’accès jusqu’à l’arrêt n’est pas accessible en fauteuil roulant, alors il sera moins facilement sélectionné. »

Arrêt conforme

Entre le moment où l’arrêt est signalé par le référent accessibilité et la finalisation des travaux, il faudra compter un délai de traitement assez long. Cette durée se justifie par les différentes étapes obligatoires telles que la phase de sélection des arrêts, les mesures sur le terrain, l’avant-projet, la rencontre avec les communes ou la Région quand il s’agit de voiries régionales, les permis d’urbanismes éventuels, la réalisation du cahier des charges et le marché public de travaux, la sélection de l’entreprise, etc.

L’accueil et l’accompagnement des personnes en situation de handicap

Frédéric Jacques, Chauffeur TEC

« Quand je peux aider, je le fais toujours » nous communique Frédéric Jacques, le chauffeur qui nous accompagne pour l’audit de la ligne 52 Gembloux – Chastre – Louvain-la-Neuve ». Il travaille au TEC depuis 12 ans. « Tous les 5 ans, nous sommes amenés à suivre une formation (CAP) durant laquelle nous sommes guidés sur l’accueil et l’accompagnement des personnes à besoins spécifiques. Il arrive malheureusement que nous rencontrions des expériences plus compliquées. Dans l’exemple concret auquel je pense, la rampe d’accès automatique du bus ne s’était pas ouverte. Nous étions sur la ligne 20 Ottignies – Louvain-la-Neuve – Wavre. Il s’agissait du dernier parcours de la ligne un samedi soir. Une usagère en chaise roulante électrique souhaitait monter dans le bus. Comme nous n’arrivions pas à déployer la lame d’accès, mon collègue et moi-même avons interpellé des ouvriers de la SNCB présents proches des lieux et, tous ensemble, nous avons su porter la chaise. On s’est débrouillé comme on a pu. »

Comment se déroule un audit ?

Marianne Degroote, experte en accessibilité chez Atingo, nous explique les principaux critères qu’elle observe lors de son audit.

Pour qu’un arrêt soit conforme ou praticable, les critères que nous observons sont :

  • Le revêtement de l’arrêt. Il doit au minimum être stable. Historiquement, l’herbe, les graviers sont souvent présents dans les arrêts en campagne et ne permettent pas à une personne voiturée de se déplacer aisément.
  • La bordure de quai doit avoir une hauteur qui permet le déploiement de la lame d’accès avec une pente limitée à maximum 20 %. Dans le cas d’un arrêt conforme, on recommande une bordure de quai à 16 cm, ce qui permet une pente limitée à moins de 10%.
  • La largueur du trottoir pour permettre les manœuvres de la chaise roulante.
  • La zone de débarquement et de retournement sans obstacle face à la rampe d’accès doit être de minimum 1,90 m x 4,90 m. Dans le cas d’un arrêt conforme, cette mesure est établie à minimum 2,40 m x 4,90 m.
  • La présence de dalles podotactiles placées en tête de quai indiquant aux personnes déficientes visuelles l’endroit où elles doivent attendre pour accéder au véhicule.
  • Dans le cas des arrêts conformes et nouvellement pour les arrêts praticables, on exige la présence d’une ligne d’éveil à la vigilance – tracée le long du quai à la peinture – qui attire l’attention des usagers sur le danger de se tenir trop près du bord du quai (en raison du risque de balayage des caisses d’autobus et des rétroviseurs, lors de certaines manœuvres d’accostage).
Audit en cours

Depuis 2014, Atingo effectue des audits de lignes de bus en Wallonie. 220 lignes de bus ont actuellement été auditées dans les 5 Directions du TEC (Brabant Wallon, Charleroi, Hainaut, Liège-Verviers et Namur-Luxembourg). La route est encore longue mais le travail est en cours. Chaque année de nouveaux arrêts viennent s’ajouter à la liste des lieux pleinement accessibles ou praticables.

Plan d’un arrêt de bus conforme – Extrait du Guide de bonnes pratiques (page 18) disponible sur le site tec.be
Autre article dédié aux audits des arrêts de lignes de bus en Wallonie (TEC)