Un habitat groupé avec appartements adaptables ou adaptés
Construite au 19e siècle par l’industriel Émile Henricot, la Villa Henricot et sa Conciergerie attenante forment un ensemble architectural emblématique localisé en plein centre de Court-Saint-Etienne. La propriété s’étend sur un terrain verdoyant de 70 ares avec un étang et de grands arbres. La villa principale offre 600 m² répartis sur trois étages, et la conciergerie ajoute 300 m² sur deux niveaux.
Un lieu chargé d’histoire
Inscrit au Patrimoine immobilier culturel en tant que monument (non classé), le site conserve de nombreux éléments authentiques : façades ouvragées, ferronneries, sols d’époque, cheminées massives… autant de témoins d’un passé prestigieux. La bâtisse a subi de lourds dégâts au fil du temps. Mais un projet ambitieux est en cours pour lui redonner vie : transformer ce patrimoine en habitat groupé accessible.
Un projet tourné vers l’avenir
Né de la rencontre entre Martin Mahaux et un collectif animé par l’envie de bien vieillir, ce projet vise à créer 13 logements de 53 à 105 m², tous 100 % autonomes et pour une partie d’entre eux adaptables. Environ deux tiers des unités sont destinés à des personnes âgées seules ou en couple, et le reste à des familles (mono- ou bi-parentales, avec ou sans enfants). Un espace commun intérieur de 150 m², ainsi que des espaces extérieurs partagés, favoriseront les rencontres et la convivialité, tout en respectant l’intimité de chacun. Pour concevoir ce lieu de vie accessible et inclusif, les porteurs de projet ont fait appel au collectif d’architectes la Verte Voie. L’expertise d’Atingo a été sollicitée pour intégrer l’accessibilité dès la conception des logements.
Entretien avec Martin Mahaux — Initiateur du projet
Martin Mahaux est facilitateur en intelligence collective et vit depuis plus de 10 ans dans un habitat groupé à Genappe. Il a souvent été interpellé par des personnes séduites par ce mode de vie, mais découragées par sa complexité de mise en œuvre. « Beaucoup nous disent : c’est un paradis, mais ça semble impossible à reproduire ailleurs. »
Fort de cette observation, il a eu l’envie de rassembler ses deux casquettes et de faciliter la création d’un nouvel habitat groupé. C’est en visitant la Villa Henricot, en ruine mais chargée d’histoire, qu’il a eu le déclic. Il y a croisé un collectif de citoyens souhaitant acheter le lieu, sans en avoir les moyens. Ce groupe, accompagné par l’association Habitat et Participation (Louvain-la-Neuve), travaillait depuis plus de 10 ans sur les thématiques de l’habitat collectif et du bien vieillir. Leur motivation et leurs valeurs ont inspiré Martin et l’idée de faire un bout de chemin ensemble a vu le jour.
Pourquoi un projet mélangeant les générations ?
Pour la richesse que cela offre. En avançant dans ce projet, j’ai perçu toute la force qui se dégage des rencontres entre générations. Par exemple, j’ai rencontré des jeunes qui m’ont témoigné l’envie et la quiétude qui les animaient à vivre au contact de personnes plus âgées. Et inversement, j’ai vu la motivation des ainés à l’idée vivre au centre de Court-Saint-Etienne, au milieu d’un quartier vivant, proche des écoles et notamment du tiers-lieu Quatre Quarts. D’ailleurs cette richesse de la rencontre se retrouve au centre du projet architectural. La salle commune est l’élément fédérateur du lieu. Et le choix de créer un petit et un grand salon va permettre à toutes les générations de se retrouver selon les envies et les besoins.
Construire adaptable : qu’est-ce qui vous a motivé ?
L’accessibilité a été envisagée dès le début du projet. Lors de nos tables rondes de discussion, nous avons envisagé que le lieu puisse accueillir une personne en chaise roulante électrique. Nous souhaitions que les personnes en situation de handicap puissent jouir, comme les autres, des lieux en autonomie. Pensez adapté a donc été une évidence pour nous.
Où en est le projet ?
Le projet est en phase de recrutement des futurs habitants. Il reste des unités disponibles pour tous types de profils et nous invitons les personnes intéressées à nous contacter et à consulter le descriptif détaillé du projet.
Entretien avec Benoit Martens et Simon De Bie du collectif d’architectes la Verte Voie
Benoit Martens a travaillé sur l’élaboration des plans de rénovation de la villa et sa conciergerie. C’est lui qui a transcrit sur plan les attentes des porteurs de projet. Accompagné de Simon De Bie, architecte associé dans le collectif de la Verte Voie, ils répondent à nos questions.
Pouvez-vous définir le nombre d’appartements adaptables et adaptés dans ce projet ?
Dans l’ensemble du projet, nous comptons 7 logements adaptables ou adaptés. Le projet étant encore en phase de permis, les choix définitifs seront arrêtés en cours de chantier, ce qui laisse une certaine flexibilité. 6 logements ne pourront pas être adaptés, principalement en raison de contraintes de surface et de murs existants dans la partie rénovation. En revanche, les extensions neuves offrent davantage de possibilités d’adaptation. Les accès et espaces communs (salons, cuisine commune, sanitaires communs) sont quant à eux évidemment adaptés.
Construire adaptable et adapté, quelle est la complexité ?
La difficulté principale n’est pas tant technique que budgétaire. Prévoir des logements adaptables nécessite d’élargir les circulations ou les sanitaires, ce qui représente plusieurs mètres carrés supplémentaires. Or, au prix actuel de la construction (environ 2 400 €/m²), ces mètres carrés ont un poids financier non négligeable.
Est-ce envisageable dans le cadre d’une rénovation ?
Oui, ce projet en est la preuve. Mais la complexité est souvent plus forte. On peut parfois se retrouver avec quelques centimètres manquants qui empêchent de répondre aux normes, ce qui rend la mise en œuvre plus compliquée et peut mener à des solutions moins optimales.
Comment Atingo vous a-t-il aidé ?
Leur rôle a été nécessaire. Même avec l’expérience et la documentation, il reste toujours des doutes sur certaines dimensions ou choix techniques. Atingo a validé des options et apporté des nuances utiles. Cela a permis d’éviter des erreurs et de vérifier la cohérence globale de l’accessibilité du projet.
Avez-vous régulièrement des demandes de ce type ?
Les demandes restent limitées. Nous avons déjà conçu un logement adapté dans un habitat groupé, mais c’est la première fois qu’un projet de cette ampleur intègre une réflexion aussi poussée.
D’autres personnes en parlent
- RTBF : A Court-Saint-Etienne, la villa Henricot pourrait devenir un habitat intergénérationnel – RTBF Actus
- L’Avenir : Treize logements intergénérationnels projetés à la villa Henricot à Court-Saint-Étienne – L’Avenir
© photos : LinkedIn-Martin Mahaux, Martin Mahaux, La Verte Voie