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Ils ont contribué à la mission d’Atingo !

Écrit le

L’interview de Sarah Logan

Sarah Logan, 42 ans, infirmière de formation, est devenue paraplégique en 2002 à la suite d’un accident de travail. Quotidiennement confrontée à l’inaccessibilité des espaces publics, elle ressent le besoin d’interpeller les politiques et les institutions pour les informer et les alerter de la situation. C’est dans ce contexte qu’elle va se rapprocher de Gamah (devenu plus tard Atingo) pour finalement rejoindre l’équipe en tant que conseillère en accessibilité en 2007. Aujourd’hui, en 2022, Sarah accueille avec une plus grande sagesse les incohérences des aménagements. Elle constate d’ailleurs, qu’avec les années, de belles améliorations sont arrivées. Même si, chaque jour encore, elle reste confrontée à des obstacles ou des non-sens sur son chemin.

Quel est ton profil professionnel aujourd’hui ? Et qu’est-ce que tu apprécies dans ces missions ?

Je suis revenue à mes premières passions. Je suis infirmière dans le centre d’accueil de la Croix-Rouge de Banneux. Dans cette mission, j’apprécie le contact humain avec les personnes pour lesquelles je me bats.

Active au sein du bureau médical, mes actions quotidiennes sont très variées, allant du traitement de petites blessures, jusqu’au suivi de patients avec des pathologies chroniques. Cela me demande des capacités d’adaptation et de flexibilité .  J’ai toujours été quelqu’un de très actif, portée par de nombreux projets. Cela me convient donc parfaitement.

J’aime beaucoup voyager et grâce à mon travail, je fais des rencontres précieuses, qui m’emmènent à chaque fois découvrir de nouvelles contrées. D’ailleurs, j’étudie l’arabe pour ouvrir encore mon champ de découverte.

Quelles étaient tes missions au sein de l’équipe ?

J’ai travaillé comme conseillère en accessibilité de 2007 à 2015. Formée et épaulée par Chantal Moëns à mes débuts, j’ai appris à lire des plans d’architecte et à remettre des avis. Je me suis également rendue sur le terrain pour des audits de bâtiments. Je participais aussi à des réunions de projets de cheminements et voiries où je défendais les intérêts des personnes à mobilité réduite. Au sein de l’ancien magazine d’Atingo, je me chargeais de la rédaction et de la relecture d’articles.

Qu’est-ce qui t’a marquée chez Atingo ?

Marie-Ange, Vincent, Sarah et Christian – Visite professionnelle d’un nouveau tram accessible à Paris en juin 2009

J’ai beaucoup apprécié la diversité de personnalité des membres de l’équipe. Nous venions d’horizons et de formations différentes, chacun apportant des compétences et des regards complémentaires dans l’analyse des dossiers. Nous étions tous liés par la même motivation : faire en sorte que les besoins et les droits des personnes à mobilité réduite soient respectés.

J’aimais aussi la variété des missions et des publics. Je pouvais, par exemple, travailler un jour avec une administration communale et le lendemain, conseiller le gestionnaire d’un gîte dans le fin fond des Ardennes. Cela m’a permis de faire de nombreuses escapades en Wallonie et à Bruxelles.

Que retiens-tu de cette expérience ?

Afin de déterminer des critères de conception accessibles au plus grand nombre, il est nécessaire d’identifier l’ensemble des familles d’utilisateurs ayant des besoins environnementaux spécifiques. Je connaissais très bien les besoins des personnes en fauteuil roulant, je me suis formée pour connaître les besoins des autres familles de handicap.

Ce que je garde de cette expérience, c’est aussi la connaissance de l’ensemble des règlements et prescriptions liés à l’accessibilité.

Comment appliques-tu ces apprentissages dans ton quotidien aujourd’hui ?

Le plein accès à la vie sociale, culturelle ou économique des personnes à mobilité réduite est une thématique qui fera toujours partie de mon chemin de vie.

L’expérience et les connaissances acquises chez Atingo m’ont apporté un professionnalisme que je mets à profit quand j’essaie de faire évoluer les choses, que ce soit à travers des courriers de militance ou par exemple en m’impliquant dans la reconnaissance des besoins des PMR au sein de ma commune.

Le souvenir d’une expérience professionnelle enrichissante au sein de ton parcours chez Atingo ?

Dans le cadre d’une formation de conseiller en mobilité, j’ai eu l’occasion de rencontrer un très bon professeur. Il nous invitait à « prendre l’hélicoptère » pour analyser les dossiers. Par exemple, s’il était question d’un nouveau centre commercial, l’idée était de visualiser le projet d’en haut pour analyser l’ensemble dans son environnement. Cette métaphore m’avait particulièrement marquée. Et je l’applique toujours aujourd’hui car ce conseil est précieux, que ce soit dans le cadre de dossiers urbanistiques ou plus largement, dans la vie de tous les jours.  Cette prise de recul permet d’avoir une meilleure vision technique, une gestion plus juste des émotions, etc.  Cela permet aussi de relativiser un événement négatif dans une journée.

Vue d’un hélicoptère

Quelles sont tes relations avec Atingo aujourd’hui ?

Atingo reste ma référence lorsque j’ai des questions en termes de bonnes pratiques ou de législation. Je relaye ses coordonnées aux personnes intéressées ou concernées.

Quels sont les défis de demain pour l’accessibilité ?

Comme je le disais, les choses ont évolué positivement depuis l’apparition en 1999 des articles sur l’accessibilité dans le Code Wallon de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme et du Patrimoine. Dans les nouveaux projets, les architectes, chefs de chantier et entrepreneurs intègrent davantage les critères de l’accessibilité. En revanche, ils ne prennent pas toujours les bonnes décisions. Par exemple, ils installent des rampes mais elles ne sont pas accessibles aux personnes en chaise roulante. J’aimerais que les bureaux d’accessibilité puissent demain se consacrer uniquement à conseiller plutôt qu’à rattraper des erreurs de conception.

Dans cette logique, selon moi, chaque bâtiment devrait automatiquement recevoir une validation d’accessibilité avant d’être ouvert au public et des sanctions devraient exister si le site n’est pas ou plus accessible.

Je suis d’ailleurs actuellement en procès pour essayer de faire reconnaître un aménagement non conforme dans le parking d’un commerce que je fréquente régulièrement.

Une petite phrase ? Un mantra qui t’accompagne dans ton travail ?

« Ce qui est fait, n’est plus à faire ! » Je suis une personne dynamique, j’aime bouger tout le temps. Cette philosophie de vie me plait. Je me dis que ce qui est fait peut servir les autres. Et puis ce qui est fait est fait car on ne sait jamais de quoi demain sera fait.

Photo d’équipe – janvier 2014