Ils ont contribué à Atingo !
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L’interview de Judith Pierre
Judith Pierre a travaillé au sein de l’équipe de Gamah (devenu ensuite Atingo) de 2003 à 2007. D’abord engagée en tant que secrétaire, elle occupe à partir de 2005 le poste d’assistante de direction. Bras droit de Vincent Snoeck, elle a partagé de nombreuses étapes importantes dans l’évolution du bureau d’études. Mariée et maman d’un garçon de 25 ans, Judith se sent à la maison quand elle est dans la nature, proche de ses animaux. Elle adore le contact avec les gens. Elle aime voyager, découvrir et rencontrer. C’est une personne douce, qui dégage une belle sagesse, inspirée par la vie et stimulée par les expériences qu’elle est amenée à vivre.
Quel est ton parcours professionnel ?
J’ai un parcours professionnel mixte. J’ai essayé plusieurs choses. Cela fait partie de mon caractère. De manière générale, j’ai aimé l’ensemble des postes que j’ai occupés. Mon aventure au sein de Gamah a été un très bon choix. Je m’y suis beaucoup amusée. Sans l’appel de l’enseignement et du contact avec les enfants, qui m’ont fait changer de trajectoire, je crois que je ferais toujours partie de l’équipe. Depuis 15 ans, j’enseigne le néerlandais et l’anglais à des enfants de la 3ème à la 6ème primaire. J’aime beaucoup ce métier. Il me permet d’être mon propre chef et je dispose d’un temps de préparation chaque semaine pour offrir des projets créatifs à mes élèves.
Comment se sont passés tes débuts chez Gamah (devenu Atingo après ton départ) ?
L’équipe se composait seulement de 4 ou 5 personnes, certains engagés en temps partiel. Nous remplissions tous différents métiers et portions différentes casquettes. J’ai été engagée comme secrétaire mais, dans les faits, mes missions étaient plus élargies : gestion informatique, gestion de l’équipe, animation de réunion, rédaction d’articles, interviews… Vincent m’a proposé le poste d’assistante de direction après 2 années d’engagement.
L’association était dans une période de transition. Il y avait beaucoup de choses à construire et j’ai été impliquée dans les nombreuses démarches : recherche de locaux plus grands, engagement de collaborateurs, recherche de subsides, etc.
A cette époque, Gamah se partageait encore entre des missions de militance et de consultance. Mais l’installation du nouveau modèle de bureau dédié uniquement aux conseils et à la formation était en marche. Cette transition s’est faite en douceur. J’étais convaincue du bien-fondé de cette nouvelle trajectoire, qui s’est avérée payante pour le développement de l’accessibilité.
Comment as-tu vécu cette période de changement ?
Certains collègues ont décidé de quitter le navire car ils n’étaient plus alignés avec les nouvelles missions qui étaient en train de se mettre en œuvre. J’aimais beaucoup leur compagnie, donc leur départ m’attristait mais je comprenais leur besoin de rester fidèles à eux-mêmes. Cela fait partie de la vie. Pour ma part, j’ai pris beaucoup de plaisir à vivre cette mutation. Les choses ont bougé très vite. Nous avons donné des formations. Nous avons voyagé à l’étranger pour nous inspirer des modèles innovants. Cette évolution était géniale car je percevais que quelque chose grandissait au sein de l’équipe mais aussi dans la société. Enfin, on commençait à se soucier du besoin d’autonomie des personnes en situation de handicap (PSH). Le combat de Gamah portait ses fruits car nos différents intervenants commençaient à intégrer que les PSH n’attendent pas que l’on s’apitoie sur leur sort mais bien à ce que la société mette en place des solutions structurelles pour les rendre les plus autonomes.
Je me suis aussi réjouie des connections naissantes avec d’autres acteurs. Gamah, en travaillant seule, n’était pas en mesure d’atteindre les objectifs d’accessibilité que l’association se fixait. Le mieux était de faire des connexions partout en vue de créer un message commun et augmenter la lisibilité auprès des politiques et autres acteurs décisionnaires. J’ai connu les toutes premières réunions du CAWaB. On allait à Bruxelles avec Vincent et on essayait de mettre en place une dynamique collective.
Quel regard portes-tu sur l’accessibilité en Belgique aujourd’hui ?
Je pense qu’on a fait des grands pas en avant. Partout, je vois des adaptations pour les PSH, dans les gares, dans les hôtels, dans les gites, même dans une des écoles où je travaille. Les architectes aujourd’hui intègrent des notions d’accessibilité lorsqu’ils conçoivent des nouveaux bâtiments et des voiries. A chaque fois que je perçois une de ces avancées, j’ai toujours un sourire intérieur et cette petite pensée « Tiens, il y a du Gamah là-dedans ». Maintenant, on est loin des aménagements proposés dans d’autres pays. Il reste du travail à faire.
Le souvenir d’une rencontre hors norme ?
Toute l’équipe s’impliquait dans la rédaction de notre revue de l’époque. J’avais ma préférence pour la rédaction des portraits. Dans ce cadre, j’ai eu l’honneur de rencontrer Benoit Labeye. Il était porteur d’un lourd handicap. Il venait d’écrire un livre dans lequel il racontait ses défis et les pensées qu’il portait sur sa vie avant et après la venue de la maladie. J’avais été touchée par son courage et cela me touche encore quand j’y repense. C’était un homme très digne et très courageux. Il ne s’apitoyait absolument pas sur son sort. Il me faisait part des difficultés qu’il rencontrait pour se déplacer. Il m’a ouvert les yeux sur pleins de choses auxquelles je ne pensais pas. Il faut le dire. Il m’a donné une belle leçon de vie.
Ta perception de l’équipe ?
Je me souviens d’une grande solidarité dans l’équipe. Dans mes autres expériences professionnelles, ça n’a pas toujours été le cas. Or, c’est une grande richesse parce que pouvoir échanger et collaborer avec fluidité avec ses collègues permet de faire avancer le tout et porte ses fruits.
Je me souviens de cette volonté de toujours bien faire présente au sein de l’équipe. On ne se reposait pas sur nos lauriers. Après avoir clôturé un projet, on en démarrait un autre, voire plusieurs en même temps. C’était très vivant, très motivant. Dès qu’on pouvait engager quelqu’un pour renforcer l’équipe, nous étions très contents.
J’ai en mémoire la bonne humeur et l’humour qui régnait dans l’équipe. Mais toujours dans le respect du travail et des personnes. J’ai par exemple ce souvenir d’un déplacement à Spa avec Vincent Snoeck, Christian Baeke et Cindy Dedriche une conseillère en accessibilité. Nous allions présenter l’Indice Passe Partout. Alors que nous étions sur la route, la neige est tombée en paquet (chutes de neige pas possible). La voiture glissait et nous n’avancions plus. Alors, nous avons dû quitter l’autoroute et sortir de la voiture pour trouver un endroit pour nous mettre à l’abri. Vous imaginez des routes en pente, de la neige et 4 personnes en train d’avancer vaille que vaille. Nous avons beaucoup ri. Et puis surtout, je me souviens que Christian et Vincent étaient ceux qui maitrisaient la situation avec brio alors que l’un était en chaise roulante et l’autre aveugle. C’était une joyeuse époque.
Quelles sont les qualités nécessaires pour travailler dans l’accessibilité ?
Vous avez interviewé certains de mes anciens collègues comme Christian de Strycker, Marie-Ange Vandecandelaere, Olivier Van Damme. Ils étaient tous d’excellents conseillers car ils avaient de bonnes connaissances techniques. Mais plus encore, il s’agissait de personnes avec de belles qualités humaines, empathiques et tournées vers les autres.